Une semaine de digital detox
- Sara-Kenza Khanfir
- 7 juil. 2023
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 août 2023
Se déconnecter pour se reconnecter
J’ai mis du temps à écrire sur ma dernière expérience au Cambodge, pourtant c’était une des expériences les plus inspirantes de mon voyage.
Je pense que c’est justement pour cette raison qu’il me fallait un temps d’intégration.
Intégrer ce que j'ai appris, ressentir les émotions que j'ai vécues, et surtout, mettre en pratique ces enseignements au quotidien.
"Nowadays, we live in an age of apparent comfort, ease, and immediacy. We just press a button and it all happens to us. When it comes to doing something that takes effort, focus, and concentration, our threshold has become so low that we usually give up." Joel Altman
Installée dans un café au cœur de Bangkok, je peine à trouver les mots qui pourraient décrire pleinement ce que j'ai vécu, ce que j'ai ressenti durant la retraite au Cambodge.
Alors que je cherche l'inspiration, mes yeux se posent sur un jeune couple assis juste en face de moi. Chacun d'eux est plongé dans son propre monde virtuel, totalement absorbé par son téléphone. Le contraste avec mon expérience récente est frappant.
Pendant une heure entière, moi, perdue dans mes réflexions, tandis qu'eux se perdaient dans leurs écrans. Même lorsqu'ils échangeaient des paroles, leurs yeux restaient rivés sur leurs téléphones. Cette scène est révélatrice de la dépendance que nous pouvons avoir envers nos appareils électroniques. Et il est certain que je me suis moi-même retrouvée dans cette situation.

Pourtant, la semaine dernière, j'ai réalisé à quel point il est précieux d'être ancré, de vivre avec intention, d'aimer les personnes qui nous entourent et de leur exprimer notre affection.
Ce n'est pas le téléphone en lui-même que nous recherchons, mais les connexions avec les autres qui se cachent derrière.
Ces connexions peuvent pourtant se trouver au quotidien :
Envers soi-même, en écoutant notre respiration, en suivant notre intuition, en pratiquant les activités que nous aimons…
Elles peuvent également se tisser avec la nature, en marchant pieds nus, en se baignant, en ressentant le soleil sur notre peau, en dansant sous la pluie (sans parapluie bien évidemment ) …
Et bien sûr, elles se tissent avec ceux qui nous entourent, en riant de tout notre cœur, en étant vulnérable, en se faisant des câlins…
C'est ainsi que s'est déroulée ma semaine de retraite, loin de la réalité artificielle, loin d'une existence vécue en pilote automatique.
Plus de place à la créativité
Au cours de cette retraite, j'ai réalisé qu'il y avait du temps disponible pour toutes les choses que j'avais reléguées au second plan dans ma vie trépidante.
Il y avait du temps pour reprendre la guitare que je n'avais pas touchée depuis des années.
Du temps pour écrire mes émotions chaque jour, pour les laisser s'exprimer sur le papier
Du temps pour manger en pleine conscience.
Du temps pour lire, surligner, relire et écrire mes propres réflexions.
Du temps pour le sommeil, pour un repos profond et réparateur, pour une sieste revigorante.
Du temps pour écrire mon premier poème (en anglais en plus!)
Du temps pour peindre et colorier un mandala.
Du temps pour vivre un état de flow.
Du temps pour intégrer une discipline. Pour ressentir une harmonie avec la vie.

J'ai toujours aimé chanter, mais je n'osais pas, persuadée que ce n'était pas assez bien.
Je n'ai jamais osé dessiner, car je ne me considérais pas comme douée.
Pourtant, cette semaine a été un réveil pour moi. J'ai compris que la perfection n'était pas une exigence pour s'exprimer. La créativité est le reflet de notre unicité. Il n'est pas nécessaire d'être un prodige pour chanter, danser ou dessiner. Fais-le pour toi-même. Fais-le pour exprimer qui tu es. Fais-le pour te faire plaisir. Fais-le pour explorer de nouvelles possibilités.
Et si jamais tu découvres une passion, n'hésite pas à la pratiquer chaque jour. Car maintenant, tu sais que tu as le temps.

L'art de se consacrer à soi-même
“Stop doing, Start Being”
Je ne peux prétendre que cette retraite a été facile et exempte d'ennui. Surtout lors de la journée de silence, qui a eu lieu le quatrième jour.
Ce silence qui n'a jamais régné dans mon esprit, mais plutôt une cacophonie intérieure. Mes pensées se sont envolées vers les prochaines newsletters que j'avais à écrire, mes préoccupations quant à trouver un travail en Australie, et même la question de ma prochaine destination. En effet, je suis entrée dans cette retraite sans la moindre idée de l'endroit où je dormirais une fois sortie. Je n'avais pas de téléphone pour vérifier les horaires des bus ou les options qui s'offraient à moi.
Mon esprit bouillonnait d'idées. J'ai ressenti une certaine anxiété face à ces pensées. Je comprends maintenant pourquoi il m'arrive parfois de ne pas pouvoir dormir lorsque mes pensées tournent en boucle, et pourquoi je suis tentée de me réfugier dans le monde infini des réseaux, cherchant à éviter mes propres pensées.
La méditation elle-même est également difficile pour cette raison. Lorsque je ferme les yeux et que je m'installe dans une position loin d'être confortable, ces mêmes pensées défilent en boucle.
Mais tout a changé lorsque j'ai pris conscience de cette réalité. Désormais, je me questionne sur la raison qui me pousse à me projeter, à avoir tendance à planifier et par conséquence à chercher un réconfort illusoire.
Je réalise que cette quête de contrôle n'est autre qu'une manifestation de la peur. Ainsi, ma réaction diffère, je m'apaise intérieurement comme si je réconfortais un être cher ; je pratique quelques exercices de respiration, et me voilà déjà dans un état d'esprit différent.
Le manque de stimulation externe a été à la fois libérateur et déstabilisant. Sans la distraction constante de mon téléphone, j'ai été confrontée à mes propres pensées et à l'incertitude de l'avenir. Il y a eu des moments d'ennui et d'angoisse, où je me suis sentie perdue et vulnérable. Mais c'est précisément dans ces moments-là que j'ai pu puiser dans ma propre résilience et trouver des réponses en moi-même.
En l'absence de la technologie, j'ai dû apprendre à faire confiance à mon intuition. Je devais me fier à ma capacité à prendre des décisions sans avoir toutes les réponses à portée de main. C'était une expérience à la fois terrifiante et libératrice, qui m'a permis de réaliser que j'étais plus capable et plus résiliente que je ne le pensais.
Lors de cette retraite, j'ai appris à embrasser davantage l'inconnu et à trouver la beauté dans le fait de ne pas tout contrôler. Je me suis ouverte à de nouvelles possibilités et à la magie de l'imprévu.
Cette expérience m'a appris que parfois, nous avons besoin de nous déconnecter pour nous reconnecter véritablement à nous-mêmes et à notre environnement. En l'absence de mon téléphone et de la constante stimulation virtuelle, j'ai pu trouver une certaine clarté d'esprit.
Ce qui m'a conduit à prendre une grande décision concernant ma prochaine destination, une décision qui ne m'avait jamais traversé l'esprit auparavant pour ce voyage. Mais cela semblait une évidence cette semaine.
Sans me laisser submerger par les questions pratiques sur les procédures, les itinéraires ou les détails logistiques, j'ai annoncé avec conviction aux autres participants que je partirais en Inde dans quelques jours.
Le grand jour est arrivé. Ce soir, je m'envole vers le sud de l'Inde.
Cette décision spontanée, guidée par mon intuition, témoigne de la confiance profonde que j'ai développée en moi-même. Je me lance dans cette nouvelle aventure excitante avec un esprit ouvert et une curiosité renouvelée, prête à accueillir les enseignements et les découvertes que l'Inde a à m'offrir.

Ainsi, en observant ce jeune couple absorbé par leurs téléphones, je ressens à la fois de la compassion et une immense gratitude d'avoir eu la chance de vivre cette expérience de déconnexion et de reconnexion profonde. Je souhaite sincèrement qu'ils puissent également trouver le temps et l'espace pour se déconnecter et redécouvrir la beauté de la présence et de la véritable connexion humaine.
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